Qui dirigera Gaza ?
- Ceren Cano
- 29 janv.
- 3 min de lecture

La trêve en trois étapes conclue après 15 mois de conflit marque également une nouvelle période en ce qui concerne les dynamiques régionales au Moyen-Orient. Cependant, la pérennité de cette trêve reste douteuse, ce qui fragilise les équilibres géopolitiques et la sécurité de la région, tout en prolongeant l'incertitude.
Bien que la trêve offre un moment de répit pour le peuple de Gaza, elle comporte essentiellement de nombreuses fragilités. Le retrait d’Israël des corridors de Philadelphie et de Netzarim, ainsi que l’autorisation pour les Palestiniens de retourner dans leurs foyers, revêtent une importance symbolique. Néanmoins, cela représente également une déviation par rapport aux objectifs militaires antérieurs d’Israël. En revanche, le Hamas considère que la trêve est une pause et anticipe la poursuite des conflits.
Du point de vue israélien, il est clair que la guerre constitue un échec stratégique. La présence militaire et politique du Hamas se reconfigure rapidement, en dépit des opérations militaires intensives d’Israël. De plus, la perception largement répandue parmi le peuple israélien selon laquelle la guerre a échoué place le gouvernement en difficulté sur le plan intérieur. Les hésitations du gouvernement Netanyahu dans ce processus et les pressions internationales croissantes engendrent des risques majeurs tant en politique intérieure qu’extérieure.
Bien que le Hamas ait subi de lourdes pertes, il maintient son existence grâce à ses capacités organisationnelles et à sa résilience idéologique. L’organisation cherche à obtenir une légitimité politique et à accroître son influence dans la région. Cependant, la diminution significative de ses capacités militaires et l’affaiblissement de son arsenal soulèvent des doutes sur la possibilité d’atteindre ces objectifs. Par ailleurs, l’absence de légitimité internationale du Hamas et ses divergences avec l’Autorité palestinienne mettent en lumière des désaccords sur la gouvernance future de Gaza. Cependant, la perte de légitimité de l’Autorité palestinienne auprès des Palestiniens, combinée à l’augmentation de la popularité du Hamas, affaiblit la perspective d’une administration palestinienne unifiée.
Avec la trêve, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont conditionné le processus de normalisation avec Israël à l’établissement d’un État palestinien indépendant. Quant à l’Iran et à la Turquie, la question de Gaza et de la Palestine représente une problématique de supériorité stratégique régionale. Les manœuvres militaires et politiques de la Turquie en Syrie, ainsi que ses discours à l’encontre d’Israël, signalent un durcissement des actions entre les acteurs régionaux. De leur côté, l’Égypte et la Jordanie se concentrent sur la prévention d’une migration massive depuis Gaza.
Deux scénarios se dessinent pour la gouvernance future de Gaza : une administration multinationale ou une administration militaire israélienne. Bien qu’une administration multinationale puisse augmenter le soutien international, la présence du Hamas et l’instabilité dans la région compliquent l’applicabilité de ce modèle. D’un autre côté, une administration militaire israélienne pourrait provoquer des réactions négatives à l’échelle régionale et internationale et devenir une cible pour des attaques terroristes.
Aucun de ces scénarios n’offre une solution fondamentale au problème israélo-palestinien. Une solution durable pour la région exige non seulement la reconstruction économique et sociale de Gaza, mais également son administration par un gouvernement légitime reconnu par la communauté internationale. Idéalement, cela nécessiterait la création d’un État palestinien indépendant. Si cette option n’est pas réalisable dans l’immédiat, une solution transitoire fédérative ou confédérative avec Israël pourrait être envisagée. Cela reste crucial si une solution pérenne garantissant également la sécurité régionale est recherchée.
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